Coups de cœur musicaux de 2016

Cette année : La France n’a plus à rougir, la vieille garde en a encore sous le coude, la Scandinavie est toujours à la pointe et une nouvelle découverte 🙂

2016-be-the-wolf

BE THE WOLF – Rouge : Voici ni plus, ni moins ma découverte de l’année ! Ce trio italien a sorti cet album dans un parfait anonymat fin 2016. Mais cet album est une petite pépite rafraîchissante ! Résolument rock, les musiciens se font plaisirs en incorporant des gimmicks d’autres styles, tant au niveau musical qu’au niveau des thèmes abordés : des refrains pop, des cocottes funky, de bons riffs gras, … mais ce qui surpasse le tout et fait l’homogénéité de cet opus est la magnifique voix du chanteur guitariste. Ce gaillard dont le falsetto est troublant d’émotion et le timbre très joli, a assurément de l’avenir ! Avec ses titres courts, efficaces et très entêtants, on ne voit pas le temps passer. Seul bémol, le nom de ce groupe se rapproche dangereusement d’un projet personnel de 10 ans que j’espère un jour bien finaliser…

2016_dtp_transcendence

DEVIN TOWNSEND PROJECT – Transcendence : Devin Townsend est un canadien mégalo-hyperactif. En 2006 par exemple, il sortait trois albums à quelques semaines d’intervalle… Rebelote en 2014, et il en a sorti bien d’autres entre temps ! Mais début 2016, cette fois-ci, le bougre n’avait plus d’inspiration et il pensait mettre un terme à son Devin Townsend Project ! Mais c’était sans compter sur sa faculté à rebondir ! Et donc, plutôt que de tout composer dans son coin comme il l’a toujours fait, le voici qu’il mène sa propre révolution en sollicitant la créativité de ses comparses de scène depuis plus d’une décennie. Ils devaient sacrément être étonnés les zicos ! Et le résultat est encore un fois réussi ! Comme d’habitude, avec chacune des productions du Sire Townsend, il faut réécouter l’album plusieurs fois pour garder les idées claires et aller au-delà des couches de chœurs et de la reverbe massive (sa marque de fabrique), passer outre le grandiloquent et apprivoiser la complexité des morceaux et la diversité des ambiances. L’apport des musiciens est clairement un plus car cet album est de loin le meilleur depuis Deconstruction sorti en 2011… et comme il y en a eu 5 entre-temps, c’est dire ! Mention spéciale pour la pochette, très réussie, et mention fégnasse pour le second CD comportant 11 titres inédits qui auraient pu constituer un autre album (quand on dit qu’il est hyper-actif !) alors qu’ils sont présentés ici que sous la forme de démo…

2016_Dream-Theater_The_Astonishing

DREAM THEATER – The Astonishing : La daube de l’année ? Dream Theater a sorti un nouvel album avec pas moins de 34 morceaux dont 5 interludes, et embarque l’auditeur dans une aventure conceptuelle auditive cinématographique… Certes, de premier abord, on pense en avoir pour son argent et étant fan du groupe, j’espérais de nouvelles merveilles… mais ce nouvel opus est plutôt indigeste avec tous les mauvais clichés du prog’ (monotonie entre les titres, chant agaçant, thèmes musicaux sur-employés …) et une histoire bien trop pompée sur les grandes séries du fantastique (Hunger Games et Star Wars en tête) avec en plus, tous les bons sentiments dégoulinants, joyeux et mièvres à la Disney, alors qu’étrangement, les prouesses techniques et la capacité de surprendre qui ont fait les beaux jours du combo sont (volontairement ?) inexistantes. Il y a pourtant de bonnes idées, par-ci, par-là, mais alors une fois réintégrée dans la trame globale, c’est la catastrophe (exemple : l’intro instrumentale de ‘A Life Left Behind’ à la Yes, gâchée dès l’arrivée du chant) et bien trop monotone (tous les titres sont lents ou mi-tempos !). Bref, Dream Theater touche le fond et vient de sortir cette année à mon avis son plus mauvais album, un gros navet que l’on ne réécoute pas souvent et qui a même fait passer le nouvel album de Megadeth sorti une semaine auparavant, et pourtant pas non plus trop inspiré, pour une petite pépite ! Je plains celles et ceux qui iront assister ou sont allés aux concerts qui couvriront l’intégralité du concept, ainsi que ceux qui ont déboursé 175€ pour l’édition limitée… Quel dommage car au final, 7 morceaux sont potables (N°6, 10, 16, 19, 25, 27 et 32, je ne retiens même pas les titres) et 3 seulement sont vraiment plaisants et passeront à mon avis le test du temps  ! Heureusement, avec le numérique, on peut se faire une playlist 😉

2016_Gojira_Magma

GOJIRA – Magma : …………………. Ouah…………………. Le monstre Gojira est de retour en 2016, et quel retour !!! Après l’Enfant Sauvage, qui fut à mes yeux un album indigeste, témoin d’un groupe voulant trop en faire pour justifier son arrivée chez le gros label RoadRunner, Gojira accouche ici du disque de la maturité ! Les fans de la première heure qui ne jugent que par le Death Metal sont évidemment déçus mais alors pour les autres, quelle claque ! Le groupe a réussi un sacré tout de force car cet album est d’une richesse incroyable. Il y a tout : une intro intrigante et inquiétante, en rupture complète avec les premiers titres des autres albums (‘The Shooting Star’); un enchainement de trois véritables bombes enivrantes, entêtantes (des riffs aux lignes de chants), riches en syncopes, polyrythmies, harmoniques et contrepoints, marques de fabrique du groupe (‘Silvera’, ‘The Cell’ et ‘Stranded’); un titre instrumental articulé autour du duo basse/batterie (‘Yellow Stone’) qui apporte une respiration bienvenue à mi-album à la manière de ‘Dawn Patrol’ de Megadeth et surtout de ‘(Anesthesia) The Pulling Teeth’ de Metallica (car même si les deux titres n’ont rien à voir musicalement, « Yellow Stone » résonne comme un hommage flagrant envers leurs ainés), une seconde partie d’album plus progressive dans l’approche, avec 4 titres plus complexes qui se révèlent après plusieurs écoutes et contenant aussi des riffs extrêmement efficaces (‘Magma’, ‘Pray’, ‘Only Pain’ et ‘Low Lands’) et enfin un second instrumental avec guitare folk et percussions (‘Liberation’) qui apporte une conclusion parfaite en symétrie avec l’instrumental précédent. En effet, une fois le disque terminé (45 min. un format de Face A sur cassettes à l’époque des grands ;-), l’ordre des morceaux est tellement bien pensé et équilibré  que l’on a immédiatement envie de se replonger dedans et refaire un tour de ce roller-coaster en retournant écouter les titres du début. Côté chant, on retrouve la voix gutturale unique de Joe Duplantier, mais il chante aussi avec des voix claires pour la première fois (une réussite), on découvre aussi des choeurs et de nouveaux effets et des passages où le chant se relève lancinant, éthéré et fantomatique … A mon avis, cet album renferme la quintessence de Gojira, et sera la synthèse du passé, du présent et du futur. Bref, l’album de l’année, point. Et ils sont français !!!

2016_Ihsahn_Arktis

IHSAHN – Arktis. : Ishahn est un des fondateurs du « Black metal »,  un courant extrême caractérisé par une musique remplie de cris aigus, de riffs de guitares ultra-rapides, de patterns de batterie épileptiques bloqués sur la double-pédale, d’ambiances forestières et de paroles très orientées religion (genre église qui brûle dans un bled de Norvège), le tout servi avec une production généralement bien « forestière » aussi (comprendre pourrie) et une attitude déprimo- élitiste. Bref  je n’aime pas ce genre et je n’arrive pas à tenir plus d’un morceau… mais là, le bougre m’a surpris avec cet album solo sorti en janvier 2016 ! Dépassant l’étroit carcans de ce genre musical, Ihsahn explore de multiples horizons et mélange avec habilité du metal progressif à la King Crimson, du Hard Rock  80’s à la Van Halen, de l’électro à la Massive Attack, des soupçons de jazz avec saxophone, de l’ambiant hypnotique et même de la littérature avec un poème lu par son auteur en fin d’album. Ne reniant pas son style d’origine, les parties typées Black Metal et son chant braillard s’intègrent bien dans l’œuvre et ne l’étouffent pas. Cerise sur le gâteau, le chanteur de Leprous est en guest sur 2 titres ! Bref, Ihsahn a sorti un album dément que j’écoute toujours 11 mois plus tard. Ça donne envie de réécouter ses précédentes productions… Y a que les cons qui ne changent pas d’avis 😉

2016__Megadeth_Dystopia

MEGADETH – Dystopia : Dave Mustaine, le rouquin colérique (et maintenant tout ridé) revient avec un nouvel album transpirant le pessimisme ambiant et projetant un futur encore plus triste que notre monde actuel. Côté musique on retrouve l’esprit de « Countdown To Extinction » avec des titres bien calibrés « Heavy-US », pas trop longs, ni trop courts avec une production serrée, précise. On est donc loin de la fougue de « Peace Sells… but Who’s Buying? » et du génie de « Rust In Peace » mais Mustaine et son fidèle compagnon Ellefson semble avoir, enfin compris et accepté qu’ils ne pourront jamais réitérer l’exploit, malgré leur volonté et de multiples effets d’annonce à chaque sortie d’album, et semblent résolus à passer à autre chose (après 26 ans !). L’album contient de très bonnes pépites, mais aussi des titres « faciles » dont les riffs sont des versions remaniées d’anciens riffs présents sur d’autres titres du répertoire du groupe… Enfin, l’arrivée d’un nouveau guitariste en la personne de Kiko Loureiro d’Angra a surpris beaucoup de monde (moi compris) et ne semblait pas judicieux sur le papier mais force est de constater que cela fonctionne, le bougre a pas mal apporté aux compositions (fait très rare avec Mustaine qu’il faut le souligner) et assure carrément en concert ! Bref, le groupe en a encore sous le chapeau mais faut faire vite car Mega-Dave ne pourra bientôt plus chanter !

2016-metallica-hardwired

METALLICA – Hardwired…To Self-Destruct : Sans crier garde, et après 8 ans sans sortir d’album, Metallica nous lâche un single dans l’été. Dans le lignée directe du précédent album, aurait été un des moins bons morceaux de ‘Death Magnetic’ ! Hasard du calendrier, Metallica sort son album l’année où Megadeth revient (et plutôt en forme, cf. ci-dessous). Autre fait, le groupe annonce un double album, son premier. Coïncidence ou réponse à Iron Maiden qui a également sorti son premier double-album un an plus tôt. Le 1er disque est très bon, tous les morceaux sont efficaces, et une bonne répartition des ambiances et tempos a été méthodiquement choisie. On retrouve des refrains et mélodies entêtantes (‘Atlas, Rise!’) et des rythmiques dont seul Hetfield a le secret. Le second disque est, par contre, bien en dessous mais contient deux pépites aux milieux d’expérimentation bizarres : ‘Confusion’ et surtout ‘Spit Out The Bone’ qui contient un chouette break de basse. Car oui, encore une fois Ulrich s’impose et écrase le mix, une honte quand on sait dont quoi Robert Trujillo est capable ! En tout cas, ils reviennent avec une sacrée patate pour leus âges. Profitons-en, ça ne va pas durer !

2016_Obscura_Akroasis

OBSCURA – Akroasis : Et voilà une autre petite déception ! Maintenant que l’effet de surprise est passé, le groupe qui philosophe en faisant du Death Metal n’a pas réussi avec Akroasis à surpasser son précédent album « Omnivium ». C’est fort dommage car le plumage était prometteur mais le départ de 3 musiciens sur 4 n’y est sans doute pas étranger.. Les compositions de cet album sont plus brouillonnes, moins entêtantes et les gimmicks à la basse fretless sont maintenant suremployés. Certes, il y a de nombreux solos de basse mais on est loin des solos du précédent bassiste, Joeren Van Tesseling, qui était beaucoup plus inspiré dans le choix de ses notes et était capable de laisser « respirer » sa basse. On sent que le leader du groupe s’essouffle un peu… Au final, c’est le morceau fleuve de 15 minutes ‘Weltseele’, composé par un guitariste aussitôt remercié après l’enregistrement, qui est le plus intéressant mais la section cordes aurait méritée d’être plus développée, cela aurait permis au groupe de repousser ses limites. Les deux titres ‘The Monist’ et ‘Ode To The Sun’ tirent aussi leur épingle du jeu et mention spéciale de la honte pour l’instrumental ‘The Origine Of Primal Expression’ qui bien plus qu’un hommage, est un honteux pompage du morceau ‘Voice of the Soul’ de Death. En tout cas, la production est démentielle. Maintenant, je suis sévère car j’attendais mieux de ce groupe qui m’avait tant surpris et l’album est quand même hautement recommandable 😉 et mention spéciale pour la pochette, splendide. Espérons que le groupe finisse son concept décliné sur 4 albums en apothéose !

2016-opeth_sorceress

OPETH – Sorceress : Les plaisanteries les moins longues sont les meilleurs. Voilà l’adage qui me vient en tête à l’écoute de ce nouvel album du groupe suédois. En effet, voici le troisième album consécutif dans la veine progressif 70’s et comme avec « Pale communion », il y a de bons titres mais aussi beaucoup de déchets. Le groupe semble avoir définitivement tourné la page du Death Metal racé qu’il produisait dans les années 2000 et en étant incapable de faire la synthèse de cette période avec leur approche nouvelle, ils perdent de leur superbe. L’habilité des musiciens n’est plus à remettre en cause évidemment. En plus du prog’ 70s, l’album comporte beaucoup de titres avec des inspirations médiévales et jazz. On a l’impression d’entendre la danse égyptienne d’Aldi Meola, du Jethro Tull et même du rock US à la Doobie Brother sur un titre bonus. Mais au delà des compositions, la seconde déception vient de la production, très étouffée, voir bavante et dégueulasse, avec trop de basses (si, si) et un réel manque de clarté. C’est leur choix artistique, c’est assumé, mais je pense qu’ils ont fait vieillir leur public de 20 ans ! Tant pis pour nous les jeunes 😉

2016-Rage

RAGE – The Devil Strikes Again : Maintenant que Peavy Wagner, le bassiste chanteur s’est séparé de Victor Smoslki, guitariste surdoué, et de son dernier batteur, RAGE revient aux sources est fait du « RAGE » 🙂 C’est une lapalissade mais Peavy revient à la formule qu’il maîtrise : il signe toutes les compositions, avec quelques apports du nouveau gratteux, et chapeaute l’intégrité de l’album. Il s’étend d’ailleurs là dessus jusque dans les paroles ! Pas de révolution, pas de prise de risque, il semble ici vouloir rameuter ses anciens fans. 4-5 titres sortent du lot et sont bien plaisants sur le long terme mais le reste est bien passable. Bref, inutile de dépenser vos sous !

Et voilà pour 2016. Mes 3 albums préférés sont :

(PS : enfin ce classement a rapidement était obsolète avec la découverte du groupe Avatar au printemps 2017, encore des Scandinaves… Leur album ‘Feathers and Flesh’ aurait était un sacré concurrent et serait arrivé ex æquo avec Gojira ! Rien que ça !)

Podium_2016