Coups de cœur musicaux de 2015
Cette année : un triplet venu de Norvège, le retour du plus grand groupe de Heavy-Metal, un groupe Français qui monte et la confirmation du nouveau groupe masqué en vogue 🙂
LEPROUS – The Congregation : Me voilà, une fois de plus, ensorcelé par ce groupe norvégien qui vient pour moi encore, de sortir l’album de l’année, celui que je vous recommande le plus d’écouter cette année. Alors certes, il n’est pas très facile à appréhender à la première écoute mais il se révèle après quelques-unes pour ne plus vous quitter ensuite. Chaque composition est un véritable bijou et les enchainements font des merveilles. Certains titres (‘Rewind’, ‘Red’, ‘Slave’, ‘Moon’) sont transcendés par la prestation magistrale du phénoménal chanteur Einar Solberg. Côté interprétation musicale et production, rien à redire, c’est du grand art ! Bref, le groupe repousse une fois de plus encore ses limites et sort un album plus abouti que le précédent.
ENSLAVED – In Times : Après le succès de « RIITIIR », les norvégiens d’Enslaved poursuivent leurs expérimentations mêlant Black-Metal et rock progressif et c’est tant mieux !!!! Ce groupe est certes difficile d’accès pour le commun des mortels du fait des riffs sombres, du martèlement du batteur et des beuglements rauques du bassiste. Mais quels superbes contrastes avec les moments calmes, éthérés et les refrains habités par l’agréable voix claire du clavieriste ! Par contre, un ou deux titres en plus auraient été les bienvenus…
JØRN LANDE AND TROND HOLTER – Dracula – Swing of Death : Voici la belle surprise de début 2015, le caractériel chanteur norvégien à la tête de cochon-bouledogue et aux collaborations éphémères longues comme un bras, est revenu sans un bruit avec un album concept sur Dracula et cet album déménage ! Pas de composition complexe cette fois, pas de prog’ alambiqué, pas de narration, ni orchestration pompeuse mais un heavy-rock avec des titres cours et terriblement efficaces. Le guitariste co-compositeur du projet, issu d’un groupe de seconde zone, est aussi loin d’être un manche 😉 et la production est TOP. A cela, s’ajoute la participation d’une chanteuse qui interprète les muses de Dracula avec beaucoup de justesse, sans en faire de trop comme toutes ces clones de chanteuses lyriques… Un album vraiment sympa. Une bonne bouffée d’air entre deux-trois trucs plus complexes. Espérons que cela ne soit pas un nouveau one-shoot et que les gaillards se réunissent de nouveau un jour !
MUSE – Drones : Retour aux sources Rock pour le groupe anglais qui s’était un peu perdu dans le soft et l’électro ces derniers temps. Cela fait du bien de retrouver ces riffs entraînants, cette basse inventive et ces effets typiques du groupe. Certaines compos n’auraient vraiment pas dénotées sur « Origin of Symetry » mais, car il y a un mais, pas de grandes surprises et surtout pas d’évolution, d’éclair de génie côté chant, ni dans la composition et encore moins dans l’interprétation. Le seul groupe qui était capable de reprendre la place laissée vacante par Queen depuis le décès de Freddie Mercury s’en éloigne de plus en plus…
NAÏVE – Altra : Il m’aura fallu un voyage avec deux léopards en Russie pour découvrir ce fantastique groupe français… Plus précisément, c’est en cherchant le titre « Mother Russia » de la Vierge de fer sur Youtube avant mon départ que je suis tombé sur leur « Mother Russia » et quelle claque ! La vie est quand-même pleine de coïncidence… Au menu de cet album, 7 titres d’électro-métal bien avec une voix planante, des riffs et rythmes hypnotisants et des samples bien dosés. Un album que je recommande vivement !HELLOWEEN – God’s Given Right : Le groupe allemand géniteur du speed-métal revient avec un nouvel album, comme tous les 2-3 ans. Immédiatement accessible, avec toutes les formules qui ont fait le succès du groupe, l’album ne tient finalement pas la distance au fil des écoutes et ne peut prétendre rivaliser avec le tripyique des « Keepers of The Seven Keys » ou « The Dark Ride ». Mais bon, il n’est pas non plus dans ce qui est de plus mauvais de leur discographie…
TILL LINDEMANN – Skills In Pills : La bonne blague, le chanteur de Rammstein se met à l’anglais pour son 1er solo 😉 Fidèle à son habitude, il sort ici de bons titres provoc’ bien gras, sales et 1er degré (‘Golden Shower’, ‘Praise Abort’, ‘Ladyboy’) qui du coup, deviennent comprehensibles pour les non-germanophones. Bref, c’est rigolo le temps d’une écoute mais il n’y a finalement rien de bien intéressant quand on gratte sous le vulgaire… à part peut-être le titre ‘Cowboy’… Au final, l’entité Rammstein est unique mais chacun de ses membres en solo ne peut prétendre à se démarquer, à l’image du guitariste « soliste » qui a aussi sorti deux albums tout à fait dispensables… Sauf pour leur égo…
TOXIC LILY – Trick or Treat? Joker 😉
GOROD – A Mazed of Recycled Creeds : Très très bonne surprise de ce groupe de Death Metal français !!! Le travail de composition est remarquable et l’interprétation groove méchamment, à tel point que certains refrains et passages instrumentaux restent vraiment en tête, ce qui est très très rare dans ce style (‘Rejoice Your Soul’, ‘Dig Into Yourself’). Je note d’ailleurs même des ambiances, des lignes de chant que notre champion national Gojira n’auraient pas reniées et mis au placard. Par contre, la production est encore un peu étouffée et ne peut rivaliser avec le groupe susnommé ou Opeth mais ce groupe est à suivre de très près !
EAGLES OF DEATH METAL – Zipper Down : A jamais associé aux évènements tragiques du Bataclan le 13 novembre 2015, le groupe n’aurait jamais imaginé que son nom, sa musique et son imagerie transpirant le second degré allaient être la cible de la plus profonde ignominie qui soit. L’album en lui-même n’est pas des plus innovants et n’apporte rien de neuf par rapport aux précédents mais est très plaisant à écouter entre amis avec une bonne bière. Si seulement, les barbares responsables de cette tragédie avaient eu un peu d’ouverture d’esprit, de second degré avant de passer à l’acte… J’espère que les 130 anges dansent tous ensembles au paradis et que les 351 blessés puissent profiter au maximum de leur nouvelle vie…
GHOST – Meliora : Après Kiss, GWAR, Daft Punk, Slipknot et Lordi, voici un énième groupe d’hommes masqués anonymes. Leur créneau : une parodie du Vatican avec leur pape Emeritus et des cardinaux appelés les Goules sans nom. Comme quoi un concept peut être répété à foison à condition de trouver une nouvelle identité ! Côté musique, un mélange de rock 70’s avec quelques riffs de métal moderne, des mélodies pop et un chanteur tout en retenu. Ce 3ème album est de loin leur meilleur, aussi bien côté compositions que production et les morceaux sont immédiatement entêtants. Bref, la formule marche est le groupe est en train de devenir très très gros en peu de temps, la curiosité des masques n’y étant sans doute pas pour rien… Par contre, après plusieurs écoutes, je suis déjà un peu lassé par ces compos qui ne revèlent rien de plus et même agacé par ce pape qui chantonne, parle mais n’apporte finalement que peu de nuances. On aimerait l’entendre s’énerver pour mieux apprécier ensuite les retombées calmes…
FAITH NO MORE – Sol Invictus : 2015 marque donc le retour de Faith No More après 18 ans d’absence discographique… EN-FIN !!! Pour les néophytes, FNM est un des groupes qui a révolutionné le rock et le metal dans la fin des années 80 et début 90 en y incorporant des éléments et des sonorités du rap, du jazz, de la bossa-nova, du classique, … Emmené par un bassiste talentueux très inventif, la place de son instrument et celle de la batterie sont donc prépondérantes dans ce groupe, tout comme le celle du clavier. Mais le plus remarquable reste leur chanteur, Mr Mike Patton, et quel chanteur ! Pour faire simple, c’est certainement l’un des plus talentueux et LE plus versatile dans le domaine, capable de passer du registre du crooner au gueuleur en une seule phrase. Venons-en maintenant à l’album du retour : Il comporte assurément quelques très très bons titres qui renouent avec la grande époque (‘Superhero’, ‘Separation Anxiety’ et ‘Cone of Shame’) mais passé les 6 premiers titres, on s’ennuie un peu car la suite est à l’opposé bien trop faible. En fait, on reste sur sa faim, ‘Motherfucker’ ramène un sursaut d’énergie mais sans plus. L’album est bien trop court, j’aurais aimé une fin en apothéose après cette accalmie ! Au final, j’aurais pu mettre cet album sur mon podium de l’année mais les autres albums que j’ai choisi sont plus solides à mon sens. Nous pourrons juger si cette réformation est une réussite si le prochain album dépasse ces faiblesses. Bref, c’est une déception positive 😉
IRON MAIDEN – The Book Of Souls : 2015 marque enfin le retour du poids lourd du Heavy-Metal, ce groupe qui fut pendant tant d’années mon favori… IRON f***ing MAIDEN !!!
Mais vraiment déçu par leurs derniers albums avec des compositions bien trop longues, peu innovantes et trop molles et une mascotte saccagée par des illustrations carrément hideuses, je n’attendais vraiment plus grand chose. La vierge de fer était pour moi définitivement rouillée…
Et quand la news tombe, comme ça, sans une fuite, le 18 juin 2015… Quand la pochette tribale de l’album (la meilleure depuis 15 ans), la liste des titres et l’annonce d’un double album ont été révélées… je dois avouer que je fus surpris et agréablement titillé… Et si le groupe avait été capable de se transcender, de sortir de sa torpeur pour sortir un nouvel album exceptionnel ?
Bon, l’effet du plan com’ passé et le double album digéré, je peux enfin me prononcer. Ce livre des âmes est pour moi un des meilleurs albums du groupe, toute époque confondue, le meilleur depuis « Brave New World » et peut-être même « Seventh Son Of A Seventh Son » ! Il constitue une bonne synthèse entre l’âge d’or (1982-1988) et l’après réunion du millénaire avec des clins d’œil à toutes les époques, y compris au creux de la vague. Mais le groupe explore aussi de nouveaux horizons (piano, accordage en Ré, patterns rythmiques inhabituels…) grâce à un Bruce Dickinson, très inspiré, qui revient sur le devant en tant que compositeur principal (‘If Eternity Should Fail’, ‘Death Or Glory’ quels bonheurs !). L’enchaînement des titres est bien pensé et contient des respirations bienvenues. Steve Harris est, pour une fois et très étonnamment, distant dans la composition et c’est finalement bénéfique, le sieur étant de moins en moins inspiré avec l’âge, les autres peuvent s’exprimer davantage.
Maintenant, tout n’est pas parfait. Certains titres sont encore inutilement longs et auraient pu être amputés de 2-3 minutes, et surtout malgré la phénoménale prestation de Mr Dickinson, celui-ci n’a plus 30 ans, alors pourquoi lui faire chanter de notes aussi hautes ? C’est vraiment dommage car sous-couvert de garder les gimmicks du groupe pour les fans, ça pique un peu et on frôle l’agacement. C’est dommage, surtout que le reste de son timbre s’est vraiment bonifié avec le temps… Il suffit de comparer les couplets et pré-refrains de ‘Speed of light’ (poussifs, bien loupés) et le titre ‘Tears of a Clown’ (une réussite totale). Enfin, voilà, le groupe a réussi à me surprendre et rien que pour cela, il mérite sa place sur mon podium en 2015 😛