Le mot « fauve », une hérésie !

En 2006, je n’étais pas content, je poussais plein de coups de gueule et en voilà un qui mérite d’être sur ce site :

Le mot « fauve » est une HERESIE et c’est un terme que je REFUTE totalement !

En effet, dans la langue française usuelle ce mot fait référence, outre à un adjectif de couleur, à l’ensemble des « Mammifères carnivores dangereux pour l’Homme« . On retrouve donc sous cette appelation les lions, les tigres, les panthères, les pumas mais aussi les ours, les loups et les hyènes.

Or, du point de vue du naturaliste et de la classification, ce mot n’a aucun sens, aucune utilité. En effet, ces animaux appartiennent à des groupes bien différents qui comportent aussi bien des animaux « dangereux » que des animaux qui ne le sont pas, ces derniers étant d’ailleurs peu connus ou inconnus du grand public :

  • La famille des Félidés ou Félins comporte 36 espèces parmi lesquelles figurent les lions, les tigres, les panthères, les panthères des neiges, les panthères nébuleuses, les jaguars, les guépards, les pumas, les caracals, les chats pêcheurs, les margays, les ocelots, les chats de Geoffroy…
  • La famille des Ursidés comporte 8 espèces : il y a les ours blancs, les ours bruns, les ours noirs (ou baribal), les ours malais, les ours lippus, les ours à lunettes, les ours à collier et les pandas.
  • La famille des Canidés compte 36 espèces parmi lesquelles figurent les loups gris, les loups d’Abyssinie, les renards roux, les renards arctiques, les coyotes, les fennecs, les loups à crinières, les dholes, les lycaons, les chacals à chabraque, les chacals dorés…
  •  La famille des Hyénidés comporte 4 espèces : les hyènes brunes, les hyènes tachetées, les hyènes rayées et les protèles.

Mais pourquoi pinailler et contester ce mot ?

La réalité des cirques Romains...

 

Et bien, ce mot a pour origine la fin du XIXè et le début du XX siècle, dans les ménageries et les cirques où les animaux concernés étaient trop rarement mis en valeur. Pour bien comprendre, il faut se replacer dans le contexte de l’époque : Ces animaux potentiellement dangereux pour l’Homme, et dont on avait extrêmement peur, ne devaient en aucun cas s’échapper et étaient par conséquent placés dans des cages grillagées, véritables prisons, qui étaient généralement regroupées dans un grand bâtiment en béton pour des soucis de coût et de fonctionnement. Ainsi, il était d’usage d’avoir un bâtiment de ce type dans chaque zoo (ou pire une grande roulotte pour les cirques), bâtiment alors appelé la  » fauverie « . Ces animaux alors surexposés au regard de l’homme ne pouvaient que réagir avec agressivité, car eux-même avaient peur…

Cette tigresse de Sumatra effrayée (© Jacques Hurault) est elle plus agressive que ... ... cet homme effrayé ??? © DR

Mais les animaux ont des besoins et ne pouvaient être éternellement traités ainsi. Heureusement, de nombreux propriétaires et responsables de parcs zoologiques s’en sont rendus compte (ce qui n’est pas le cas des cirques). Depuis les années 80, la captivité a évolué et continue d’évoluer avec des parcs pionniers et leaders comme le zoo de Doué-La-Fontaine ou CERZA en France, Port-Lympne au Royaume-Uni ou Nordens Ark en Suède, parcs que je recommande chaudement.

Je n’aime donc pas le terme de fauve qui me fait friser les moustaches et j’aime les parcs qui donnent aux félins, et aux autres carnivores, des conditions de captivité agréables, adaptées aux besoins de chacun et avec des zones de recul et de tranquillité accessibles quand ils le souhaitent. La réalité des félins est bien différente de l’image véhiculée dans les cirques, dans certains zoos, dans les médias et certains films. Dans les criques notamment, les animaux sont obligatoirement proches du public, de l’Homme qui leur fait peur, sans possibilité de fuite, avec de la musique, des hommes bruyants, des lumières aveuglantes, avec d’autres espèces qu’ils n’aiment pas…

Tigresse de Sibérie attentionnée et ses 2 jeunes © PapillonPartez en Afrique ! Partez en Inde ! Regardez des documentaires animaliers ! Vous verrez, la réalité et le quotidien des lions et des tigres est à 100 lieux de leur représentation agressive, avec gueules béantes, sur les affiches de cirques !

Il est temps de se réconcilier avec eux, certains vont bientôt disparaître… définitivement !

 

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