Fidélise… Fidélise…
« Avez-vous la carte de fidélité ? » Demande la caissière de votre supermarché avec un voix sirupeuse, monotone, agressive (Rayez la mention inutile).
S’il y a bien un truc qui m’agace, c’est quand la caissière – bien rentrée dans le moule,  fraîchement/faussement naïve ou bien aigrie par son métier – pose cette question !
Oui, quoi, en la posant client après client, elle est le lien direct avec l’une des plus belles inventions du capitalisme : Le programme de fidélisation du consommateur… Autrement dit comment emprisonner les moutons que nous sommes à une enseigne, une marque, … fermement mais en douceur…
On en est rendu à des absurdités !
Imaginez un peu : Madame Mercier fait ses courses chez « Intermarchand », elle passe 1h15 dans les rayons à remplir son caddie, virevoltant de promotion en promotion « spécial carte Bronze », épluchant minutieusement les étiquettes pour vérifier les prix les plus bas ou les plus intéressants pour sa famille qui ne l’aide pas vraiment dans cette tâche.
Après un bon quart d’heure de file d’attente pour arriver en caisse, avant de payer, au moment fatidique du « vous avez la carte de fidélité ? », Mme Mercier ne retrouve pas sa carte « Intermarchand »… Elle a bien les cartes « Leclerque », « Triathlon », « Gérant », « Amphora », « Ikaka », « Flac », « Farfadet » mais aucune trace de sa carte « Intermarchand » ! Ca y est, tout lui revient, elle l’avait prêté à son mari pour qu’il accumule les points des achats qu’il aurait dû faire la vielle s’il n’avait pas fini si tard… Soudain, elle est prise de panique, elle veut appeler son mari à la rescousse, mais il ne pourra venir, à cette heure, il est à 75 km de là . Elle hésite, doit-elle abandonner les points associés à son caddie de 186,95€ ? Non, c’est trop dur, elle s’enfuit en laissant ses plats cuisinés et autres surgelés en plan sur le tapis roulant…
Bon, l’histoire se termine bien. Compatissant – et aussi un peu furieux de ne pas avoir cumulé suffisamment de points pour gagner la glacière-horloge-GPS du catalogue du programme de fidélité d’Intermarchand,  son mari lui a offert un joli porte-cartes de fidélité (ils peuvent en mettre 20 !) et ils ont demandé la création d’une seconde carte Intermarchand… Pour qu’une telle mésaventure ne se répète pas… jamais…
Bien que cette volonté, pour les commerçants, d’attraper et ne jamais relâcher leurs clients ait débuté dans les années 80, je pense que l’on atteint aujourd’hui des sommets…
Et tout cela, c’est au détriment du portefeuille des consommateurs qui deviennent prisonniers, ne s’en aperçoivent même pas ou ne peuvent agir… En plus du passage à l’Euro, de l’augmentation du conditionnement à usage unique, jetable et polluant, tous ces systèmes de fidélisation contribuent à l’augmentation des prix de vente. J’en suis persuadé. Vous ne me croyez pas ? Et bien, qui payent les frais de gestion, la fabrication des cartes, le matériel informatique dédié pour lister les clients, les courriers pour mettre en avant les offres spéciales… si ce n’est les consommateurs… ?
Je me souviens d’une époque (ouh, le vieux con diront certains… mais c’était 2 ans après mon BAC en 1998…) où le litre de Super coutait 5,40 Fr (soit 0,82 €, si-si) et les pains au chocolat du boulanger 3 Fr (soit 0,45€)… Je vous laisse imaginer le reste dans nos bons vieux supermarchés (6 Fr le kilo de cerise…). Il n’y avait pas de carte de fidélité à cette époque…
Ouvrez les yeux, les cartes de fidélité engendrent une diminution des libertés (« Si Si, chéri, il faut aller chez « Rond-point » même si « Leclerque » est plus près, j’ai ma carte de fidélité « Rond-Point » !) et une certaine addiction pouvant mener à des achats inutiles. Toute offre devient prétexte (« ce produit est bien car j’accumule des points »).
Allez – HOP -, on fout toutes ces cartes au feu, on s’en portera mieux…  (« Et oh petit, même la carte « FLAC », c’est pas si intéressant !« )
Le problème, c’est que j’ai l’impression que cela empire…
Bientôt la carte « la goutte en or », disponible chez votre dame pipi… Slogan : « Retenez-vous, venez p***** chez moi et vous aurez droit à …«Â
A bon entendeur, salut !