Poland P*** Bus

Alors que la 33ème conférence de l’EAZA vient de s’achever, je me remémore l’expérience qu’a vécu une de mes connaissances lors d’une précédente édition de ce grand rassemblement annuel… (Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est pas purement fortuite… Mais où s’arrête la fiction ?)

lit-desordre

Varsovie, Pologne
23 septembre 2007
7h52

Encore enlacé par les bras de Morphée, il s’extirpe de son lit avec la plus grande difficulté. Et ce n’est pas la programmation de trois réveils différents qui aura changé la donne, son ami Dionysos lui avait réservé une soirée bien trop exquise…

Oh, que la nuit de sommeil fut courte ! Bref, il est déjà en retard.

buffet-dejeuner

Pour juger de la situation, il décide de faire un rapide crochet par le buffet du petit déjeuner. Il ne prend qu’un café serré. De toute façon, rien d’autre ne pourrait passer après les excès alcooliques de la veille. Pas de collègue dans la salle… ni même à la réception… Le meeting dans lequel il intervient commence dans 15 minutes… Il est vraiment en retard !

8h23. Il doit se mettre en route, attraper le premier bus qu’il l’emmènera sur les lieux de la conférence. Le ciel est bleu, le soleil n’est point voilé par le moindre nuage ce matin. Une belle journée s’annonce. Devant l’abris-bus, il ajuste ses écouteurs pour s’envoyer un peu de musique rythmée. Il espère trouver en elle l’énergie, la ressource, pour se soustraire de cette insidieuse fatigue  qui continue de le harper… Enfin. Le bus arrive. Il monte à bord, maintenant concentré à rechercher la bonne formule, dans une langue qu’il ne maîtrise pas parfaitement, qui lui permettra de camoufler son retard. Il doit en effet impérativement faire bonne figure. Son entrée dans l’amphithéâtre se doit d’être, de part ses responsabilités ce matin-là, à la fois discrète et pertinente !

Il lui fallu du temps, plusieurs minutes même, pour qu’il réalise l’étrangeté de la situation. Seul homme à bord du bus, il réalise qu’il est uniquement entouré de femmes, qui plus est, toutes plus belles les unes que les autres !

Il n’en croit pas ses yeux, il doit rêver. Il se demande si ce n’est pas une blague organisée par ses plus proches collègues. Il en connait 3 ou 4, qu’il côtoie depuis plus de 25 ans, qui en seraient bien capables ! Il est gêné, un peu, mais aussi intrigué. En regardant discrètement ces femmes tour à tour, il a l’impression que tous les fantasmes masculins ont été réunis en un seul et même lieu !

Il est entouré de LA femme fatale avec ses hauts talons et sa longue robe échancrée et fendue sur une cuisse. Il remarque aussi LA dominatrice avec sa combinaison moulante en cuir et son rouge à lèvre carmin, LA secrétaire en tailleur haute-couture et lunettes sombres et LA bimbo au corps halé mais pas encore siliconée, uniquement vêtue d’un mini-mini-bikini n’ayant que peu d’étoiles du drapeau US. Il y a aussi LA baba-cool à pattes’ d’eph et aux longs cheveux tressés et fleuris, LA campagnarde au décolleté tyrolien, LA pit-babe de Formule 1 outrageusement poseuse, plusieurs femmes en uniforme, LA bobo des beaux quartiers, LA femme mondaine, hautaine, en bas ou porte-jarretelles et l’étudiante pétillante en jupette exempte de la moindre ride. Son regard se pose longuement sur LA gothique aux cheveux longs roux, bouclés, arborant une robe tout en frou-frou et de multiples percings. Il a peur de se faire repérer, il se tourne et il fait maintenant face à  LA MILF ravageuse, sûre de ses atouts. Derrière se trouvent LA femme accro aux motifs léopards et LA motarde opulente, joviale et largement tatouée, …

Elles ne sont pas le moindre du monde perturbées par sa présence. Il semble passer inaperçu. De sa position dans le bus, il ne peut pas voir l’intégralité des passagères du bus. Il hésite à se déplacer pour continuer de lorgner mais il se dégonfle. Ne sachant quoi faire, il enlève ses écouteurs. De la musique s’en échappe mais ce murmure ne vient aucunement troubler la scène. Certaines femmes discutent entre elles dans une langue qu’il ne comprend pas, d’autres regardent simplement à travers les vitres du bus, absorbées par leurs propres pensées. Il ne voit pas qui occupe le poste de conducteur mais maintenant amusé, il n’a aucun doute quant au genre de ce travailleur…

Il a de plus en plus l’impression d’être dans un rêve. Il se demande comment s’est déroulée  cette soirée pour que son cerveau puisse divaguer à ce point et lui envoyer ces images si détaillées, si réelles. A t’il été drogué ? A t’il fait une chute ? Il ne se souviens pas de tout. Quand va t’il se réveiller ? Pas tout de suite, il espère…

Mais le café ingurgité 13 minutes plus tôt commence à faire son effet… Non, il ne rêve pas. La caféine a quitté les veines de son système digestif et a maintenant atteint ses hémisphères cérébrales. Non, il ne rêve pas. Dopamine et sérotonine prennent le relai. La possibilité d’un rêve s’évanouie définitivement. Il comprend maintenant que ce bus ne va pas l’emmener où il le souhaitait. Il ne peut même plus parler de retard maintenant. Il ne pourra simplement plus faire sa présentation à l’heure prévue. Des SMS arrivent mais il ne consulte pas son téléphone. Son esprit est occupé. Qui lui a donc fait cette blague ? Lui a t’on tendu un piège ? Entouré de mannequins en plastique sans doute destinés à plusieurs magasins, il reste sans voix pendant plusieurs secondes. Il veut maintenant regarder ses messages mais son téléphone lui échappe des mains. Puis la surprise cède à la colère alors que le bus emprunte une bretelle d’accès à l’autoroute…Slide9