Le serial-killer des jardins

Vous aimez les chats, les animaux et la nature ?

Eh bien, il faut stériliser vos chats et sensibiliser votre entourage pour agir en ce sens !

Certes, cette idée peut paraitre contraire à mon amour pour la nature et la stérilisation des chats pourrait paraitre « contre nature » mais saviez-vous que notre matou domestique, notre cher Felix, est à l’origine de bien des maux qui auront des conséquences lourdes à long terme ?

domesticationEn effet, après sa domestication dans le croissant fertile il y a environ 9.000 ans, le chat domestique s’est rapidement répandu à travers le globe au cours des siècles suivants. Son habilité à chasser les rongeurs, attirés par les rassemblements de blé, d’orge et de riz dans les greniers des humains devenus sédentaires, a scellé son destin à celui de l’homme. Il a alors accompagné ce dernier dans sa migration et sa conquête du globe, jusqu’en Australie et autres îles où les félins n’avaient jamais posé leurs coussinets auparavant. Aujourd’hui, notre planète hébergerait plus de 600 millions de chats domestiquesFelis silvestris catus, son nom scientifique, a même détrôné le chien et est devenu le premier animal de compagnie en France !

Mais voilà, les chats domestiques se reproduisent aisément et rapidement. Et un grand nombre d’entres eux sont laissés seuls face à un environnement qu’ils vont véritablement saccager.

A la base, beaucoup de gens laissent reproduire leurs chats puis n’ont pas le courage de tuer les chatons naissants, d’autres abandonnent simplement leurs chats après les avoir choyés quelques mois…

Ces chats retournent alors à l’état sauvage, beaucoup périssent mais certains survivent (Ah ! Darwin), ils deviennent alors ce que l’on appelle des chats harets (mais ils n’appartiennent pas à l’espèce du chat sauvage Felis silvestris silvestris, vous me suivez ?). Ils sont très autonomes, vivent dans les villes et villages, autour des fermes, sans aucune aide et subsistent parfaitement à leurs besoins en continuant de chasser des milliers de rongeurs et de volatiles.

Et ces chats harets sont vraiment problématiques, ils auront trois conséquences lourdes à long terme:

  • Ils pourraient tout d’abord être responsables de la disparition d’un certain nombre de petites espèces de félins sauvages. De part leurs proximités génétiques et comportementales avec ces félins sauvages, les chats harets peuvent s’accoupler avec eux et engendrent des rejetons « hybrides« . C’est notamment le cas avec les chats sylvestres ou chats sauvages européens qui voient leurs populations de plus en plus hybridées donc amoindries génétiquement. Le chat sauvage d’Ecosse Felis silvestris silvestris grampian est sur le point de disparaître. Le même phénomène semble exister avec certaines autres espèces. Et s’il n’y a pas de rapprochement la majorité d’entres elles, les chats harets sont aussi simplement vecteurs de maladies. Ils transmettant notamment les maladies des chats domestiques (Typhus, Coryza, …) aux félins sauvages. Cela a très bien été démontré chez le chat de Geoffroy (Oncifelis geoffroyii) en Argentine…
  • De plus, Ils exercent une pression de prédation très (trop ?) importante sur les oiseaux. Cette pression semble plus forte que celle exercée par les autres carnivores sauvages tels que les martres et fouines qui ont un tableau de chasse plus diversifié. Des chercheurs américains ont estimé que les 2 millions de chat errants vivant dans l’état du Wisconsin sont responsables de la mort d’un minimum de 8 millions d’oiseaux par an… Plus récemment et précisément, Scott Loss, de la Smithsonian Institution, a estimé que la centaine de millions de chats habitant aux USA tue chaque année entre 1,4 et 3,7 milliards d’oiseaux et 20 milliards de mammifères !
  • Chat en actionEnfin, petit à petit, nos matous pourraient être responsables de l’extinction de nombreuses espèces de carnivores telles que les Mustélidés (belettes, fouines, martres, …), Viverridés (genettes, civettes, …), les renards et les ratons laveurs. Selon les spécialistes, si l’homme venait à disparaître, le chat domestique s’imposerait comme le petit prédateur majoritaire en moins d’une centaine d’années au détriment des espèces citées plus haut ! La compétition est inégale…

Bref, si vous aimez les chats, les animaux et la nature, vous comprenez maintenant la nécessité de faire castrer ou stériliser votre matou et les matous errants !

Pour votre matou, c’est facile, il suffit d’aller voir un vétérinaire. Par contre, pour les chats harets, la tâche est plus fastidieuse car la question de la prise en charge du coût de l’opération est un frein à l’action mais plusieurs associations et des services municipaux travaillent pour cela. Il est de salut publique et écologique de les aider. Certains vétérinaires conscients de leur importance diminuent même leur facturation et c’est tout à leur honneur. Qu’ils soient plus nombreux serait encore mieux !

Bien évidemment, pour conclure, je nuancerais mes propos en précisant qu’il n’est pas nécessaire que tous les chats subissent ce sort. Je ne suggère pas de stopper la reproduction des chats domestiques dits « européens », cela permettrait le développement d’un monopole de la filière féline déjà assez riche (ouille, le prix d’un chat de race !). Mais avant de prendre la décision de reproduire votre compagnon, assurez-vous d’avoir trouver un lieu d’accueil convenable mais aussi durable !

Pour approfondir cet article et agir, je vous renvoie vers les associations concernées.